"j'ai bien souvent remarqué, que cela soit au Viêt-Nam ou en Occident que l'existence privée, intérieure, personnelle et individuelle se replie et se concentre dans son lieu de vie, sa maison. Pourtant, il existe entre la vie familière et la vie extérieure, un prolongement qui se retrouve dans les éléments du quotidien, dans ce que l'on voit, ce que l'on regarde lorsque l'on entre chez quelqu'un : les traces de la mémoire, les portraits, les les objets, les souvenirs et les attitudes; les gestes...
Il semble exister une dimension complice entre intérieur et extérieur ou une harmonie primordiale entre intériorité et extériorité. Tout ceci en une sonorité singulière, un écho particulier à chacun. "
La chambre bleue s'assoupit lentement alors qu'un souffle pluvieux habille la ville de perles d'eaux et de bulles qui glissent. L'encens s'élève et tourbillonne dans le centre de la pagode tandis que les enfants s'égaient le long des ruelles nappées d'eau. La ville est inondée. les pots de plantes accrochées pleurent et ruissellent, les visages se devinent derrière les vitres aux étages des maisons. Cette pluie diluvienne accentue l'intensité de ce silence lourd et spongieux, c'est ainsi que la mer semble venir sur la terre... les sampans voguent au gré des rafales pluvieuses, quelques cris, des objets fracassés, un vélo qui flotte, une moto renversée...Un peu une ambiance de cataclysme et plus loin, sur un pont des garçons qui jettent des perles dans l'eau qui roule.
RépondreSupprimerles ombres et les lumières s'accrochent les unes aux autres dans le secret de ce jaillissement. Un poids immobilise l'espace et le corps se cherche, essaie de franchir les espaces alors que les genoux se déplacent difficilement dans ces mares de matière liquide, enveloppante et parfois si angoissante. Il faut lutter pour avancer... La ville est enclose, close sur elle même.
La chambre bleue s'ourle le clarté de lune et de parfums d'ambre mouillée, d'une permanente respiration qui ressemble à celle d'un autre sommeil.