« Je structure ma recherche photographique autour
de la notion d’intérieur/extérieur, en tant que frontière / limite entre deux
zones : urbaines, villageoises, frontalières, y intégrant l’identité d’un
espace de vie et d’échanges. Pour moi, La photographie, trace, du fait
même de sa matière, une démarcation ; démontre que ce qu’elle représente
est un instantané mais aussi un palimpseste."
Le
territoire : espace transformé par la main de l’homme s' inscrit notamment
en géographie par le biais de cartes et de maps. Mais cet espace peut être de
taille diverse et représente avant toute chose un endroit où l’homme appose son
empreinte, bien avant d’y imposer sa nationalité, d’y définir un pays ou d’y
faire flotter un drapeau. Le territoire apporte évidemment une illustration/intégration
à un peuple, un village, une maison, une famille : la photographie cible un lieu de vie et devient par elle-même
un territoire à part entière. J’appréhende cette notion de territoire dans le
sens d’une identité culturelle, cultuelle, familiale ou sociale. Le terme de territoire implique en conséquence frontière ou
limite, un fil invisible qui marque un interdit, un seuil à ne pas franchir ou
a ne pas dépasser. En donnant aux images un mouvement, une dimension humaine,
l’image du territoire développe l’idée d’un agencement humain mais amorce aussi le dévoilement des endroits oubliés par les
hommes ; la politique, le social, le culturel et le cultuel ajoutent au
terroir leurs prises de pouvoir et de positionnement. Il faut sortir de l’idée
même du territoire et de la frontière pour aborder la mobilité, le dépassement
et l’échange.
La
frontière, no man’sland, lieu inexploré, interdit, sans main humaine ou sans
vie ; lieu de garde-frontière ;
passage. La fenêtre, la porte, un
panneau ou un grillage démarquent ces trouées dans la contrée, ces bornes entre
extérieur et intérieur. Ici, le
territoire est communal ou familial plutôt que de pays différents. J’ai axé ma
recherche sur un domaine intime, plus populaire. Franchir une limite, la dépasser, aller vers
l’autre équivaut donc à transcender ses propres limites, ses propres interdits.
Accueil, hospitalité, diversité, l’autre est différent ; il apporte du positif, il ne me met pas en
danger ; ouvrir le dialogue, prendre un risque, ouvrir l’espace, ouvrir la
frontière, ne pas se délimiter, ne pas s’enfermer, se confronter à ce qui est
autre.
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