Grand
Hornu,
Architecture
du 20 ème siècle à l'image de la déshumanisation froide et sans apparence de
vie. Comme une arène Romaine, ici, tout est adapté pour que le travail de l'industriel
soit rentable. Des arcs romans en brique, recouverts de béton, une
cheminée s'élève et puis plus rien : que le vide avec des colonnes en béton nu.
Juste un quart du chapiteau tient en équilibre. Un couple marche sur l’herbe.
Des fenêtres verticales avec des rideaux fonctionnarisés se dressent à la
lumière. Une sculpture au milieu se dresse au milieu du terre-plein central. Des
jeunes filles dans la salle aux battements du cœur avec une ampoule s'affolant au milieu de l'installation disent: "c'est
super agréable", pourtant, c'était un peu angoissant avec ces cadres noirs
aux cimaises. Puis nous montons, des rideaux avec des yeux nous observent dans
un labyrinthe de regards qui s'étendent à l'infini. Une veste avec des ampoules
bleues est accrochée au mur. La salle des pendus où des manteaux noirs
suspendus tournent éclairés par de faibles ampoules. Je me sens un peu comme
dans le manège du train fantôme, des cercueils passent. Étrange
impression : quelqu'un me touche, me frôle, puis plus rien, je continue
dans cet enfer de cintres noirs qui bougent sans brise. C'est le silence de la
mort. La faux, oups ! J'ai touché avec mon crâne un cintre, j'espère que je
n'aurai pas de nouveau la gale. Je suis devenu une ombre parmi les ombres. Oh!
des boutons dorés, un manteau qui marche sans personne et caresse le sol. Ou
suis je? Un terril de manteau noir ; Alice
dans les profondeurs du borinage, un univers qui m'absorbe en un temps record.
Après, c'est la porte de sortie qu'il me
faut pousser afin d'arriver au grand soleil, résurrection.... Eternuement après
l'éblouissement.
Un
arbre pousse à l'horizontal, c'est une sculpture de Penone en un jardin public vide
d'humanité. Je me trouve dans la Rome
antique avec ces colonnes romanes et ses briques rouges industrielles du 19 ème
siècle, une étrange sensation. C'est comme-ci je regardais l'Annonciation de Fra-Angelico, avec Marie et l'ange Gabriel en moins. Un bouleau s'est affranchi dans l'ouverture du
ciel. Carré liturgique tenu par quatre colonnes protégeant un autel absent,
celui de la descente dans les profondeurs du terrier creusé par des mains
d'hommes. Liberté de cet arbre défiant l'architecture à dix mètres de hauteur sur
un ciel bleu sans tache. Je continue vers la fontaine, trois boules
duveteuse par terre une bleu, une verte, et une bleue plus claire. Un peu plus
loin, des dalles en inox pivotent sous le poids de l'eau qui, composent un
grand rectangle, c'est la fontaine des muses avec la voix de Sue Hélène qui
s'amuse à faire des selfis sous un dais de platane. C'est déjà l'automne ? Non, la chaleur est intense sur la place
chauffée au soleil estival. Une place avec à son angle une longue cheminée
ronde de briques, et à son faîte un bouleau couronnant se site industriel, marquant
bien la fin d'une exploitation minière et son devenir muséal alors que la nature haut perchée a repris sa
force.
Merci
à Christian Boltanski pour ce moment inattendu et tellement juste avec ses boîtes
de biscuits métalliques rouillés et quelques portraits parsemés.
Juillet
2015 au Musée des Arts Contemporains de la Fédération
Wallonie-Bruxelles au Grand-Hornu